Ce à quoi on ne pense pas… à -15, -20 et -25°C
C’est bien beau de se dire « Tiens et si j’allais passer l’hiver en Mongolie ? » et quitte à faire les choses proprement, autant passer par la Sibérie en moto, non ?
Trêve de plaisanterie, le froid n’est pas vraiment quelque chose qui me fait peur. Ma première expérience du froid avait été le Népal il y a deux ans, en montant mes premiers sommets. Le maximum que j’ai eu a subir était un -15°C lors d’une nuit passée en refuge à 5000m… « Finger in the Nose » avec mon Swing 900 (un bon sac de couchage pour débuter en conditions extrême : -7°C confort, -25°C survie).
Je me suis dans lancé dans cette nouvelle expédition avec mon équipement de montagne, soit :
- sous-vêtements en laine (collant + tee manche longue)
- polaire compressible + doudoune en duvet
- pantalon de ski de rando
- veste technique d’alpinisme
- 3 paires de chaussettes qui se superposent (soie + triple épaisseur laine + laine bouclé)
- 3 paires de gants qui se superposent (soie + laine + gants de montagne)
- et pour finir, chaussures de grande randonné, plutôt classique pour le coup.
Bien joué mec !
Sauf que… dormir dans un refuge, habillé, emmitouflé dans un duvet, par -15°C… n’a strictement rien à voir avec rouler à moto par -15°C, voire pire faire du cheval par -20°C. Dernièrement, je viens même de tester le -25°C en pleine journée, une expérience assez hallucinante.
Du coup je voulais vous présenter quelques petits « trucs » auxquels je n’avais pas pensé :
1/ La visière du casque qui givre de l’intérieur… par votre propre respiration
Assez handicapant en moto, surtout qu’il est impossible de gratter ce givre avec les gants. Vous n’avez que deux choix : rouler visière ouverte ou s’arrêter pour gratter tant bien que mal, l’intérieur du casque. À ces températures-là, la protection antibuée livrée avec le casque n’est plus d’aucune utilité.
2/ Manipuler son appareil photo… avec 3 paires de gants
Je me croyais malin à prévoir de fins gants de soie, pour pouvoir retirer les gants de montagne et prendre tout de même quelques photos dans le froid. Et bien figurez-vous que lorsque vous êtes à cheval, par -20°C, vos doigts vous font déjà tellement mal qu’il est hors de question de retirer quoi que ce soit qui les recouvrent. Vous vous émerveillez alors une dextérité inconnue jusqu’à présent : manipuler le moindre petit bouton – ou pire changer une carte mémoire – avec 3 paires de gants superposés.
J’ai commandé hier à un tanneur, des moufles en fourrure de renard. Le seul espoir de survie pour mes doigts.
3/ La perte totale de sensation… au niveau des pieds et genoux
Après une expérience assez « hardcore » (conduire de nuit, pendant 1h30, dans les montagnes de l’Altaï, par -20°C, une moto chinoise pourrie, sans manchon ni poignée chauffante…) j’ai décrété que mourir de froid n’était pas une expérience fort sympathique. Je vous parle de mort, car pendant quelques instants j’y ai songé, n’éprouvant plus aucune sensation de toucher au niveau des mains ou des pieds, seulement de grosses boules de douleurs brûlante à la place de chaque membre. Mon passager (mongole) était dans le même état que moi. À notre retour dans une maison chauffée, j’ai mis environ 30 minutes pour retrouver l’usage normal de mes genoux, qui me faisaient mal à un point indescriptible.
J’ai acheté hier sur le marché, des bottes en peau de chien, moins cher et a priori aussi performant que la peau de mouton. Je peux y enfiler mes pieds avec 3 paires de chaussettes superposées, et ça c’est bien !
4/ Et puis pour finir, la barbe et la moustache qui gèlent… ça au moins c’est marrant !
Pratique lorsque tu as soif, tu passes ta langue dans la moustache, tu peux y savourer de petites perles de glace. De plus tu la recharges automatiquement, car 10 minutes plus tard les perles de glaces seront de nouveau là !
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Ce texte vient surement d’annoncer un prochain article sur « ce que je pense de la fourrure » , où comment j’ai appris à ranger mes avis.
5 commentaires
Et au niveau de batteries, elles tiennent bien ?
autant je suis contre le port de fourrure, autant dans des cas comme le tien; sa ne me pose aucuns problèmes.
Survie >> étiques
ça me rappelle ma semaine de terrain en décembre à Metz… j’ai mis plusieurs mois à sentir de nouveau mes orteils
Tu m’étonnes… on ne pense jamais à tout !
On peut aussi ajouter ‘la gélatine du film qui devient délicieusement croustillante à ces températures et réticule par la suite’…