Remi Chapeaublanc | Photographer

Archives

J’ai changé de vie, ça a été dur, et voici mes 3 secrets

Depuis une semaine, jour pour jour, je me suis installé à Auckland en Nouvelle-Zélande. Et aujourd’hui : BOOOM, première journée avec internet dans la colocation ! Résultat des courses, ce matin j’ai pris le temps – affalé sur le canapé du salon commun – de trainer sur Facebook, exactement comme je le faisais tout les matins à Paris.

J’y ai regardé une vidéo marrante, une pétition pour changer le monde, un coup de gueule sur la politique qui se fout vraiment de notre gueule… mais j’y ai surtout vu deux longs articles, écris et dessinés par des amis déprimés. Des amis un peu déprimés, en ce moment j’en ai un paquet, mais des amis déprimés qui le disent ou l’avouent ça c’est déjà plus rare. Je ne sais pas si c’est le fait que je sois loin qui ai changé ma lecture, mais ils m’ont drôlement remués ces articles. Ce qui m’a le plus touché, ce sont ces termes « une vie vide de sens » ou « je ne suis pas heureux non plus » . J’ai l’impression que ça touche beaucoup plus de gens qu’on ne le croit. Toutes ces personnes qui n’aiment pas leurs vies actuelles, ou qui rêvent d’une autre vie pour un jour être (de nouveau) heureux.

J’aime ma vie, oh combien je la chérie ! Je pense même être l’une des personnes à qui on dit le plus « Elle est cool quand même ta vie ! » . En effet je vie d’un métier qui me passionne, je voyage très loin et très souvent, j’ai réalisé quelques exploits personnels dont je suis assez fier, bref je ne lui changerai pas grand chose pour dire qu’elle est parfaite. Loin de moi l’idée de vous faire baver, ou encore de vous donner une leçon sur comment gérer sa vie ! J’avais plutôt envie de vous partager quelques petites astuces qui m’ont permis d’en arriver là. Car oui ma vie n’avait rien à voir avec tout ça il y encore 6 ans, et j’en ai pas mal bavé pour en arriver là.

1/ La perspective

En ce moment je m’entraine pour courir un triathlon, et pourtant ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas trop le physique d’un triathlète (1m68, 86 kg, 30% de matière grasse). Avec un groupe d’amis on s’est lancé le défi de courir dans 3 mois un triathlon ensemble. C’est bien beau de se lancer ce genre de défi à la con, mais faut-il encore pouvoir les réaliser. Il y a deux ans, je me suis surpassé un première fois en courant une Spartan Race avec le même groupe, et j’y ai découvert une satisfaction inouïe à la fin de la course. Rien que de repenser à la fin de cette course, avec ma médaille pleine de boue, me redonne le sourire aux lèvres. C’est de cette perspective dont je parle : celle de la fierté. Il est extrêmement dur de se motiver, surtout pour aller en chier et souffrir alors que rien ne vous y oblige. C’est vrai après tout, pourquoi aller se faire mal alors qu’on pourrait rester au chaud sur un canapé ? Mais chez moi la motivation est décuplée lorsque je me concentre sur la perspective qu’elle représente ! Je m’imagine dans 3 mois, fier comme un coq, faisant des pieds de nez à tous ceux qui n’y croyaient pas… Oui, il y a surement de l’orgueil et de l’ego là-dedans, que j’essaye d’utiliser à bon escient. Lorsque je me lance dans un défi (comme traverser la Sibérie en hiver à moto par exemple) le carburant que j’utilise lorsque ça devient vraiment trop dur, c’est de penser à la perspective du futur, au lieu de céder à la douleur du présent. Pourquoi continuer alors que c’est horrible et que ça fait mal ? Pour que les autres soient fiers de moi, et surtout pour que je sois fier de moi une fois tout ça fini. La perspective chez moi est une source de motivation extraordinaire.

2/ Les peurs

Il y a 6 ans sous la pression d’un ami, je me suis fait violence et j’ai acheté un billet d’avion aller simple pour le Népal. Je n’ai jamais autant détesté et aimé cet ami en même temps. J’étais tétanisé à l’idée de partir tout seul et longtemps, dans un pays dont je ne connaissais rien mis à part qu’il y avait de grandes montagnes. A vrai dire, je n’étais pas sportif, encore moins montagnard et surtout : J’AVAIS TRES PEUR D’ÊTRE SEUL ! Mais une fois arrivé à l’aéroport de Katmandou, sans argent local et avec mon gros sac de 26 kg… je n’avais plus d’autre choix que de me débrouiller. J’ai pris un taxi sans vraiment comprendre où il m’emmenait et comment j’allais le payer, mais au final tout c’est bien déroulé et j’ai trouvé des moyens de me sortir à chaque situation complexe. Finalement je suis resté 3 mois au Népal, j’ai tout fait par moi même et j’ai même gravi un col à 5500 m avec mon sac de 26 kg, moi, Rémi, le petit gros qui avait peur de tout. Depuis cette expérience, j’ai compris que ce qui me faisait peur dans le fait d’être seul, c’était au final le fait de ne pas y arriver par moi même. Mais à partir du moment où je me suis prouvé à moi même, que j’étais tout à fait capable de tout surmonter seul, et bien les peurs qui y étaient attachées se sont envolées avec.

3/ La brutalité du changement

J’ai récemment lu une étude qui disait que les gens qui arrêtent de fumer brutalement avait un taux de réussite 25% plus élevé que ceux qui décident d’arrêter progressivement. Cette conclusion me parait logique, presque évidente. Le changement – lorsqu’il est brutal – nous permet de mettre en place de nouvelles habitudes. Changer quelque chose en douceur peut fonctionner, mais ça ne laisse que rarement la place à l’installation d’un mécanisme de remplacement. Par exemple lorsqu’on me demande des conseils pour se lancer professionnellement dans la photo, je conseille toujours de le faire directement à 100% et non pas de se trouver un job à mi-temps à côté. Car un job alimentaire ne laissera pas suffisamment de place à l’activité de photographe pour réellement s’instaurer. Ici en Nouvelle-Zélande j’avais envie d’essayer de vivre le « jour » – à contrario de ma vie parisienne qui se déroulait surtout la nuit. Je pense que je n’aurais jamais réussi à changer mon style de vie tout en restant à Paris, car trop d’habitudes y étaient ancrées. Le fait de m’installer à Auckland m’a permis de « repartir à zéro » au niveau des habitudes, et de me lever à 6h du matin et de me coucher à 20h avec le soleil – et ce sans trop de difficulté.

Portrait Remi Chapeaublanc Mongolie

Cette photo, c’est moi comme j’aimerais être tous les jours : fier, vaillant, sans aucune crainte.

Mais la réalité est bien différente. J’ai comme tout le monde des hauts et des bas, et parfois je traverse des crises de « déprime » de plusieurs semaines. Mais ce que j’ai appris dans cette nouvelle vie, c’est de ne plus avoir peur des bas. Notre société blâme tellement l’échec, qu’on en arrive parfois au point de ne plus prendre de risque par simple peur de l’échec. Admettre qu’entreprendre quelque chose m’exposait au risque de ne pas y arriver, est la première des choses que j’ai dû accepter pour réussir ce changement de vie. Métaphoriquement, je me suis aperçu que si les vagues forment des creux, c’est pour permettre qu’il y ait de l’écume en haut.

A tous mes amis qui veulent changer un truc dans leur vie, à ceux qui sont dans le creux de la vague, ou à tout ceux qui traversent une période un peu déprime… je vous souhaite tout le courage du monde pour vous sortir de là.

Commercial films