Remi Chapeaublanc | Photographer

Archives

Woofing chez les Tsaatans

Woofing chez les tsaatans

Hier je vous parlais de l’épineuse question d’aller ou non rendre visite aux tribus tsaatans.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler de l’un des plus grands honneurs que j’ai pu recevoir ces derniers jours.

Ayant sympathisé avec certains tsaatans du camp, je suis cette fois arrivé chargé de cadeaux (nourriture, ciseaux à bois pour travailler la corne, convertisseur 12v…) et je suis reparti avec presque autans de cadeaux dans les bras. Leur avoir rapporté les photos il y a 2 ans, leur avoir réparé puis renvoyé un Leatherman rongé jusqu’à la dernière lame, et cette fois-ci leur avoir apporté les outils dont ils avaient besoin, a je pense contribué à gagner la confiance du camp.

Outre le fait qu’ils m’ont offert de la vodka jusqu’à plus soif chaque soir passé avec eux, et qu’ils m’ont demandé une explication pour chacun de mes tatouages en rigolant… je me suis vu couvert d’honneur lors de nos dernières cigarettes partagés sous le tipi.

Après une longue discussion et des approbations mutuelles (ainsi que l’approbation du shaman), ils m’ont proposé de rester vivre avec eux le temps que je voulais. Après moult remerciements, j’ai expliqué que je ne pouvais pas rester cette fois-ci, mais que j’acceptais avec un immense honneur leur proposition si je pouvais rester un mois ou deux lorsque je reviendrais les voir la prochaine fois.

En d’autres mots, j’ai eu l’immense privilège pouvoir venir faire du woofing chez les tsaatans.

Je n’ai pour le moment aucune idée de quand je pourrais réaliser ce rêve un peu fou, mais j’y songe très sérieusement. Je me demande aussi si je dois garder cette proposition dans la même simplicité qu’elle m’a été proposée, ou bien peut-être envisager un projet d’une plus grosse envergure avec pourquoi pas une action caritative pour participer à la sauvegarde de leur culture. Qu’en pensez-vous ?

La vraie vie des Tsaatans, ou faut-il aller les voir ?

Placer sur la carte

Tsaatans-9

Il y a quelques temps, une série photo a beaucoup tourné sur facebook avec un très beau méli-mélo de photos provenant de Mongolie, dont notamment beaucoup qui venaient de tribus Tsaatan. On m’a évidemment tagué plusieurs fois en me disant « Hey Rémi, regarde, ça m’a fait penser à toi ! » . En ce qui me concerne, cette série photo m’a ému et un peu énervé à la fois.

Ému, parce que les photos sont belles, voir très belles. Un peu énervé, car c’est très loin de ce que je connais des Tsaatans, ou encore des tribus Kazakhs avec qui j’ai pu vivre. Cette série photo, pleine de mise en scène et de sensationnel, est très loin de la vie très simple et paisible que j’ai pu observer durant mes quatre périples en Mongolie.

Les Tsaatans (dont la population a été recensée en 2010 à 282 individus, répartis en une vingtaine de familles et dont la moitié vit toujours de manière nomade dans la taïga) est une ethnie menacée de disparition. Leur mode de vie nomade en tipi, est adapté à la survie de leurs animaux : les rennes. Ils se déplacent au fur et à mesure des saisons pour toujours avoir suffisamment de neige, nécessaire à la survie de leurs troupeaux. Ce peuple est réputé pour être très fermé aux étrangers, et même aux mongols avec qui ils n’aiment pas trop se mélanger. Depuis que certaines émissions de télé-réalité ont été tournées chez eux, leur cote auprès des touriste a flambé. Et eux qui vivent très loin des autres civilisations ce sont parfois retrouvés « submergés » par des touristes venant les voir comme dans un zoo.

De cela est né une question qui fait encore débat : Faut-il aller voir les Tsaatans ?

C’est la troisième fois que je vais rendre visite au même groupe (une première fois pour ma série photo Gods & Beasts, une deuxième fois pour leur rapporter les photos, et cette fois-ci juste parce que j’étais dans la région) donc vous pourrez me rétorquer que je suis loin d’être neutre sur cette question. Mais j’ai surtout eu l’occasion de vivre un peu avec eux et chose plus rare : de discuter avec eux de cette question.

Je pense, et ils pensent, que le tourisme est une bonne chose pour eux, tant que ça reste très modéré. Ils ont besoin de conserver leur mode de vie actuel, leurs traditions et leur nomadisme, rien que pour leurs rennes. Le tourisme intense est évidemment une invitation à se sédentariser, pour être plus accessible, ce qu’ils ne veulent pas. Pour eux, la « saison touristique » est entre juin et juillet, lorsqu’ils sont à peu près accessibles (soit à une journée de cheval de la ville la plus proche, elle-même à 5 jours de 4×4 depuis Oulan Bator). C’est une période qui leur permet de vendre des objets en bois et peaux de rennes, et de gagner ainsi un petit complément d’argent. Le reste de l’année, il n’y a quasiment aucun touriste qui vient les voir, soit parce qu’ils sont totalement inaccessibles (très loin dans la taïga) ou que les conditions hivernales en freinent plus d’un (jusqu’à -50°C parfois).
Alors à la question « Faut-il aller voir les Tsaatans » j’aurais envie de répondre « Oui, avec modération et surtout tant que c’est fait dans le plus grand respect de leur intimité et de leurs traditions » .

Attention, ceci n’est pas une invitation à aller les voir, mais plutôt une incitation à bien réfléchir avant de le faire. Surtout qu’il y a quelques règles de base à connaître, comme toujours amener sa propre nourriture pour la durée du séjour afin de ne pas puiser dans leurs maigres réserves ! Le mieux étant de venir avec des vivres supplémentaires, dont des produits de première nécessité. Il faut aussi savoir qu’aller dans la taïga n’a rien de facile et qu’une bonne préparation – à la fois physique et mentale – est nécessaire. Il est généralement impossible d’y accéder en véhicule (prévoir un à plusieurs jours de cheval), il n’y a aucun hôpital à moins de 2-3 jours de route et la météo y est très capricieuse !

Si jamais vous comptiez tenter cette aventure, je serais ravi de répondre à vos questions et même vous donner de très bon contacts sur place, pour organiser votre périple dans les conditions les plus respectueuses.

Loin de moi l’envie de faire de cet article une leçon de morale, j’aimerais surtout vous faire partager mon admiration pour ce peuple, et dans ces quelques photos un peu de la vie de Buynaa, adorable grand-mère tsaatan de 56 ans.

Tsaatans-4

Tsaatans-7

Tsaatans-3

Tsaatans-8

Tsaatans-6

Tsaatans-1

Tsaatans-5

Tsaatans-2

La pêche sous glace en Mongolie

Placer sur la carte

Une vidéo de mon frère (qui attendait ce moment avec peut-être plus d’impatience que le reste de l’aventure) en train d’expérimenter la pêche sous glace !

J’y ai aussi participé, remportant du coup le record du groupe avec 5 poissons en 2h de pêche ! Mais quand je regarde les photos que mon frère a fait de moi, j’hésite encore entre la fierté et le ridicule :)

Le plus beau moment pour moi n’était pas tant cette pêche, mais plutôt l’après où tu prépares et fumes toi même ton poisson, pour s’en régaler ensuite tous ensemble !

Peche sous glace-1

Peche sous glace-2

Peche sous glace-3

Le tour du lac Khuvsgul en chiens de traîneaux

Placer sur la carte

Chiens de traineau-3

Comment décrire 9 jours passés sur le lac avec chacun ses chiens et son traîneau ? Difficile. J’avoue que je sèche, pour savoir comment partager cette expérience.

Il paraîtrait que faire du chien de traîneau, est l’une des 10 choses à faire au moins une fois dans sa vie avant de mourir. Je pense que c’est totalement n’importe quoi, car il y a au moins MILLE choses à faire MILLE fois dans sa vie au moins une fois avant de mourir ! Mais j’avoue que… faire du chien de traineau est une expérience à vivre absolument !

C’est à la fois un jeu d’enfant et très complexe. C’est à la fois reposant et très stressant par moments. C’est à la fois comme une évidence et totalement surnaturel en même temps.

Bref, ce fut une expérience magique : vivre 9 jours, avec 42 chiens, sur un lac gelé de 180 km de long, transportant avec nous tout ce qui nous était nécessaire. Les conditions de tournage étaient elles… pfiou… pas évidentes !

Sur cette glace – à la fois magnifique, calme et tellement inhospitalière – j’y ai aussi trouvé quelque chose, où plutôt j’y ai trouvé des réponses. Je ne peux pas en dire trop pour le moment, car j’ai mis tout cela en image pour en faire une nouvelle série photo. Un travail de reconstruction que j’attendais depuis 5 mois, que j’ai pu réaliser dans le plus grand des soulagements.

Chiens de traineau-1

Chiens de traineau-2

Commercial films